TERRE D’OMBRE(S)
Il y a terre d’ombre et terre d’ombre. L’une claire, l’autre foncée, même brûlée. La terre d’ombre se laisse bien travailler : couvrante, onctueuse, elle empâte la toile et peut s’appliquer en larges couches épaisses. Inutile donc de se priver de ce plaisir, qui se renforce quand le noir se mêle à l’ombre ou que rouges et ocres viennent la réchauffer.La terre d’ombre doit être là, toujours à portée de main.
Mais un jour, la terre d’ombre a déteint, a occupé la place sans crier gare. Des ombres sont apparue…certaines seules, d’autres en groupes, occupées à quels chuchotis…. L’ombre ouvre la porte aux confidences, aux aveux, aux complots qui se murmurent à mi-mots à l’ombre d’un arbre, dans l’ombre d’une rue….Je suis donc allée à leur rencontre.
L’exploration des terres d’ombres commençait. Elle se poursuit.
C’est que les variations de l’ombre sont infinies, ou presque : l’ombre tempère le soleil, la nuit surgit de l’ombre que la pénombre précède. Une ombre passe dans un regard, effaçant un sourire. L’ombre du remords nous poursuit, la chance peut passer sans l’ombre d’un regret, alors que celle d’un souvenir nous taraude. L’histoire a ses zones d’ombres, la peur de l’ombre fait pleurer l’enfant, on n’est plus que l’ombre de soi-même quand arrive l’ombre de la mort….